Comment accompagner son enfant dans ses devoirs ?

Les innombrables discussions, voire conflits autour des devoirs de son enfant ou ado, ça vous parle ? Moi oui 😉 On y dépense tellement de temps et d’énergie ! Alors comment faire pour accompagner son enfant ou ado dans ses devoirs sans s’épuiser et tendre la relation ? Cela passe par un changement de regard sur son propre rapport à l’école en tant qu’enfant et à l’observation de la manière dont votre enfant apprend. C’est ce que je vous propose de découvrir ici en 5 étapes !

1ère étape : repenser à son rapport à l’école en tant qu’enfant

Pour commencer j’aimerais vous poser trois questions, qui selon moi, conditionnent la manière dont on accompagne son enfant dans ses devoirs :

  • Comment cela se passait-il à l’école pour vous quand vous étiez enfant et ado ? Aimiez-vous y aller et apprendre ? Qu’en avez-vous appris de vous concernant vos capacités intellectuelles ? Quel impact a-t-elle eu sur votre confiance en vous ?
  • Comment vos parents vous accompagnaient-ils dans vos devoirs ? Cela vous convenait-il ?
  • Comment cela se passe-t-il actuellement pour votre enfant ? Comment le vivez-vous personnellement ?

J’ai constaté avec ma propre expérience de maman et celle des parents que j’accompagne que bien souvent, notre propre histoire conditionne notre rapport à l’école. Soit on aimerait que notre enfant ait une bonne expérience de l’école comme c’était le cas pour nous, soit on lui souhaite d’en avoir une complètement différente. Dans ce cas on cherche inconsciemment à réparer nos blessures, voire traumatismes liés à l’école. La prochaine fois que vous aiderez votre enfant dans ses devoirs, demandez-vous si vos réactions et remarques vous appartiennent ou si vous reproduisez automatiquement ce que vos parents vous disaient et vous renvoyaient comme image de vous. Typiquement, le fait de reprendre systématiquement ses erreurs, de le comparer aux autres, ne pas supporter qu’il se trompe, ait un mauvais résultat ou prenne du temps à répondre peut venir du conditionnement reçu soi-même à l’école et/ou par ses parents.

2ème étape : changer de regard sur les bonnes conditions d’apprentissage

  • Encore une question pour vous : Qu’est ce qui fait que vous avez envie d’apprendre quelque chose de nouveau et que vous y arrivez ? Je vous laisse quelques minutes pour y réfléchir 😉

Personnellement, j’ai besoin en priorité d’être intéressée par le sujet, d’en comprendre le sens et l’utilité. Ensuite j’ai besoin de sentir l’enthousiasme et la passion de l’enseignant pour son sujet, qu’il soit pédagogue, m’encourage sans me mettre la pression et valorise mes efforts au lieu de se concentrer uniquement sur mes erreurs. Les autres conditions pour bien apprendre, décrites par les neurosciences sont : le fait d’être dans de bonnes dispositions émotionnelles (la peur, le stress, la colère, la tristesse empêchent de se concentrer), l’absence de besoin physiologique nous empêchant de nous concentrer (comme la faim, le froid, le besoin d’aller aux toilettes, la fatigue, etc). Par ailleurs, quand on apprend sous la contrainte, l’intelligence ne fonctionne pas, c’est la mémoire seule qui fonctionne. On est tout simplement conditionné, on oublie tout très vite, on ne retient que sur le court terme.

Et vous, qu’est-ce qui vous permet de bien apprendre un nouveau sujet ou une nouvelle activité ? Ces éléments vous parlent-ils ? En général, lors des groupes de parole que j’anime sur le sujet, ce sont ces mêmes conditions qui ressortent chez les parents. Ces conditions ne sont malheureusement pas toujours réunies dans les écoles, collèges et lycées, faute de moyens humains disponibles. Cela conduit ainsi de nombreux élèves à se sentir « nuls », en décalage par rapport aux autres qui arrivent à répondre à ce qu’on attend d’eux. Combien de parents je vois désespérés de voir leur enfant ou ado en décrochage scolaire, totalement démotivé et découragé par l’école ! Le fait juste de prendre conscience d’où peut venir la démotivation et la dévalorisation de votre ado peut déjà vous aider à regarder la situation différemment et à faire baisser la pression que vous mettez autour de ce sujet. Vous pouvez réfléchir à ce qui vous semble possible de mettre en place chez vous au moment des devoirs pour répondre à ce qui lui manque le plus à l’école pour apprendre dans de bonnes conditions : l’aider à retrouver du sens dans ce qu’il apprend, partager votre enthousiasme pour une matière, l’encourager et valoriser ses efforts, etc.

3ème étape : observer la manière dont votre enfant apprend pour mieux l’accompagner dans ses devoirs

Pour pouvoir l’accompagner dans ses devoirs, je vous propose pour commencer d’observer la manière dont il apprend :

  • Quel type de mémoire ? : quand il apprend une leçon ou une poésie, regardez quelle méthode il applique instinctivement : lire le texte plusieurs fois, vous demander de le lui lire ou enregistrer sa voix pour l’écouter plusieurs fois, le réécrire en entier ou sous forme de mots clés, danser, marcher, utiliser des objets de la vie courante pour comprendre ? Cela vous donnera une idée de son type de mémoire : auditive, visuelle ou kinesthésique. En lui faisant remarquer son fonctionnement, cela lui permettra de reprendre confiance dans ses capacités : il n’y a pas de mémoire « meilleure » qu’une autre. La mémoire auditive est juste plus gratifiante à l’école puisque le simple fait d’écouter le cours attentivement permet de le mémoriser, sans avoir besoin de trop le retravailler chez soi. En fonction de la manière dont il apprend, retravailler ses cours sous forme de cartes mentales (ou mindmapping), sketchnotes, lapbooks, etc. peut être efficace.
  • Quelle forme d’intelligence ? Connaissez-vous les intelligences multiples d’Howard Gardner ? Pour résumer : il distingue 8 formes d’intelligence parmi lesquelles seules 2 sont valorisées dans le système scolaire : l’intelligence verbale et linguistique et l’intelligence logique et mathématique. Or, il en existe 6 autres tout aussi intéressantes et « valables » qu’il peut être utile de faire connaître à son enfant ou ado. L’idée est de lui montrer que ce n’est pas parce que ces 2 formes d’intelligences ne sont pas les plus développées chez lui qu’il n’est pas intelligent pour autant et qu’il n’a pas de ressources précieuses pour sa vie future. Voici les 6 en question : l’intelligence visuelle/spatiale, l’intelligence musicale/rythmique, l’intelligence corporelle/kinesthésique, l’intelligence intrapersonnelle, l’intelligence interpersonnelle et l’intelligence naturaliste. Pour en savoir plus sur chacune d’entre elles et découvrir quelle méthode d’apprentissage est la plus adaptée à chacune, cliquez ici
  • Dans quelle position apprend-t-il ? : certains ont besoin de bouger, d’autres de danser, de tourner autour d’une table, d’autres de mettre la tête en bas, etc. Cela peut vous paraître étrange, surtout si vous arrivez à apprendre assis sur une chaise sans bouger mais cela dépend vraiment des enfants. Essayez de le laisser choisir sa position et voyez le résultat.
  • Quel est le meilleur moment pour lui ? Certains enfants préfèrent faire leurs devoirs directement en rentrant de l’école pour s’en débarrasser, tandis que d’autres ont besoin d’un « sas » après l’école, pour faire une pause. Demandez à votre enfant ce qu’il préfère et convenez en fonction d’une heure pour s’y mettre. Bien sûr, s’il a besoin de votre aide, n’hésitez pas à lui préciser votre heure limite. Je me souviens de parents m’expliquant que leur ado venait systématiquement les voir à minuit pour faire ses devoirs. Après lui avoir expliqué que ce n’était pas une heure possible pour eux, cela était rentré dans l’ordre. Si votre enfant a besoin de se détendre avant de s’y mettre, ce peut être l’occasion de lui proposer de se défouler ensemble en dansant, de faire un jeu de chahut (course, bataille d’oreillers, etc.) pour vous reconnecter.
  • A-t-il besoin de faire des pauses régulières pour assimiler plus facilement ? Il est conseillé de faire régulièrement des pauses pour permettre au cerveau de mieux travailler. N’hésitez pas à encourager votre enfant à s’arrêter quelques minutes s’il bloque sur un exercice ou à passer au suivant. Son cerveau continuera à travailler tout seul pendant ce temps et lui apportera la réponse plus tard.

4ème étape : l’écouter pour comprendre ce qui le bloque dans ses apprentissages

Devant un enfant ou ado qui refuse de travailler, on a souvent tendance à penser qu’il met de la mauvaise volonté et qu’il le fait exprès. Et ça a le don de nous faire sortir de nos gonds ! Mais rappelons-nous que le plaisir d’un enfant, dès son plus jeune âge, c’est avant tout d’apprendre et de comprendre le monde qui l’entoure. Souvenez-vous de quand il était petit et qu’il explorait le monde, de la manière dont il a appris à parler, à marcher, etc. Et observez comme il est motivé pour apprendre un sujet ou une activité qu’il a lui-même choisi et qui le passionne.

Au lieu de lui demander une énième fois de travailler, je vous propose de prendre un temps avec lui pour parler tranquillement de ce qui le bloque à l’école, pour apprendre et faire ses devoirs et ce dont il aurait besoin pour y arriver. Quelques rappels rapides sur l’écoute active qui vous facilitera la tâche (voir plus de détails dans mon article sur le sujet)  : le laisser parler le plus possible, en intervenant le moins possible, en laissant des silences, en reformulant ou reprenant tels quels ses propos et en posant des questions de clarification et d’exploration du type « Qu’est-ce qui te fait dire ça ? », «De quoi aurais-tu besoin pour te sentir mieux ? ». L’idée est de lui laisser la place pour s’exprimer sans se sentir jugé et trouver lui-même ses réponses et solutions.

Si l’accompagnement de votre enfant dans ses devoirs reste malgré tout une grosse source de stress et de conflit pour tous les deux, surtout n’insistez pas et n’hésitez pas à déléguer ! Il existe des « plans B » comme le fait de le laisser à l’étude en école primaire, d’avoir recours à l’aide aux devoirs proposé par les centres sociaux, ou à un professeur particulier, d’inviter un de ses copains pour le faire ensemble,  proposer un échange avec un autre parent qui pourrait lui expliquer une leçon, en échange d’un autre service de votre part, etc.

Et si vous sentez que votre enfant est malheureux dans le système scolaire classique et se dévalorise, n’hésitez pas à chercher d’autres voies comme les pédagogies alternatives, les filières professionnelles au lycée, qui peuvent lui permettre de reprendre confiance dans ses capacités et de retrouver le plaisir d’apprendre.

5ème étape : ne pas en faire l’unique sujet de discussion et maintenir le lien au quotidien

Je me souviens de la prise de conscience d’une maman d’une ado lors d’un atelier, qui m’avait beaucoup touchée : elle a soudain réalisé que l’aider à faire ses devoirs, même si cela ne se passait pas toujours très bien, était finalement l’unique lien qui la rattachait désormais à elle. Cela peut souvent se passer, surtout à l’adolescence où les liens peuvent se distendre. C’est donc l’occasion de réfléchir à ce qui vous liait avant, aux activités que vous pourriez faire pour retrouver du plaisir à passer du temps ensemble. Le fait d’avoir une bonne relation par ailleurs facilitera dans tous les cas la manière dont se passeront les devoirs. Je vous invite à lire à ce propos « Comment maintenir le lien avec son enfant ou ado ? ».

8 commentaires

  1. Très bel article. Je savais qu’il y avait d autres formes d intelligence mais ne m’en rappelait plus. Je trouve intéressant d ème partager aux enfants, car en effet ils s approprient ces idées sur leur fonctionnement très facilement. Quand je parle en atelier de leurs connexions neuronales immatures avant 25 ans, ils comprennent très bien et se sentent soulagés !

    1. merci pour ton partage ! Effectivement c’est important que les enfants le sachent pour ne pas se dévaloriser et les parents pour s’apaiser 😉

  2. Merci pour cet article. J’ai deux enfants, 13 et 15 ans. Maintenant ça va beaucoup mieux mais les 1ères années collège ont été difficiles. J’ai appris à lâcher prise sur leur façon d’apprendre qui n’était pas la mienne surtout que mon ainé est dyslexique. J’ai réussi par la présence et l’écoute, mais au début c’était la crise de nerf.

    1. Merci pour ce témoignage et bravo d’avoir réussi à lâcher prise ! Ce n’est vraiment pas évident à faire en tant que parent, surtout si on fonctionne différemment de notre enfant..

      1. Article très complet ! Il faut prendre le temps d’accompagner son enfant pr les devoirs et d’être attentif à ses suggestions !

        1. Merci pour ton retour !

  3. J’aurai aimer connaitre cela quand mes enfants étaient plus petits.
    Mon grand à 21 ans, alors oui il fait des études, mais là je ne peux plus l’aider, et c’est lui qui m’apprend ! DEt pour ma fille qui a 12 ans maintenant, depuis que je la laisse complètement en autonomie, cela est nettement mieux. Je pense que je voulais trop combler ce que je n’ai pas eu petite et leur donner en tout ce que j’ai compris des techniques et autres, mais eux ce n’est pas moi !

    1. Merci pour ton témoignage ! Ta prise de conscience sur le fait de vouloir réparer ce qui nous a manqué petit est très intéressante ! Bravo d’avoir réussi à lâcher prise avec ta fille et la laisser en autonomie car je sais comme ce n’est pas évident…

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